LE SABBAT

      En 1394, les vampires qui allaient devenir les Fondateurs de la Camarilla ont tenu leurs premiers conciliabules conspirateurs en réponse à un mouvement appelé Révolte Anarch qui avait monté les anciens contre les nouveau-nés, les pères contre leurs infants. Les soldats anarchs menés par un visionnaire Brujah ont assailli plusieurs des principaux conspirateurs. Peu après, des infants rebelles ont prétendument détruit les Antédiluviens Lasombra et Tzimisce, deux ancêtres de la race vampirique. Ces révolutionnaires non-vivants ont organisé une société rivale - le Sabbat - pour défier tous ceux qui voulaient les diriger. Depuis, les vampires du Sabbat ont abandonné tout semblant d'humanité, préférant suivre les anciens codes de comportement vampirique. Ils ne ressentent pas le besoin de feindre la civilité humaine. Alors qu'ils se laissent aller à leur nature monstrueuse, ils blasphèment en paroles et en actes contre tout ce que l'humanité tient pour sacré. C'est ce qui définit le mieux le Sabbat vic­torien : il se rebelle contre l'Homme et Dieu.

      Hors de quelques domaines cultivés en Espagne et en Italie, le Sabbat victorien a pour territoires les terres barbares d'Europe, se nourrissant des paysans qui maintiennent d'anciennes superstitions et religions comme seule défense contre les Damnés. Comme certains érudits occultistes l'affirment, le fait même que les vampires se rassemblent en sabbats ritualistes montre qu'ils sont des ennemis de Dieu, des créatures maudites qui ne connaîtront jamais la grâce divine. Les occultistes vampiriques sont peut-être un peu mieux informés, attestant que la structure même du Sabbat dans son ensemble est modelée sur celle de l'Église catholique, y compris l'élaborée hiérarchie d'évêques et d'archevêques. Les anciens vampires du Sabbat se réjouissent de ce blasphème, préservant l'une des plus anciennes sociétés secrètes au monde.

      Les plus jeunes vampires sont bien plus intéressés par les alliances de leur meute. Ce terme animalier montre le mépris de ces vampires pour tout ce qui est humain car, après tout, ils sont bien plus qu'humains. De nombreuses meutes conspirent pour détruire les plus anciens vampires. Ce faisant, ils se rapprochent de Caïn, ancêtre de cette race maudite. Ainsi, les vampires du Sabbat se font appeler des Caïnites. Les anciens du Sabbat brandissent la secte comme une arme contre leurs ennemis. L'ordre est donc également appelé Épée de Caïn. Certaines créatures réellement puissantes considèrent que le Sabbat est naïf de se laisser ainsi aller à ses besoins monstrueux, mais cette démonstration de solidarité convient à l'esprit de l'époque.

      Sur le Vieux Continent, les Caïnites se cachent à la science et aux lumières, demeurant dans les ruines des anciens royaumes. Ils n'incarnent pas simplement les plus monstrueuses légendes sur leur race, ils en sont l'inspiration. Même les érudits sont prompts à décrire ces vampires comme "mauvais", mais ils incarnent plus précisément les démons autrefois célébrés dans l'horreur gothique, sujets des journaux à scandales. Chaque acte d'infamie qui se propage dans le monde civilisé oeuvre contre les ennemis détestés du Sabbat : les vampires de la Camarilla qui s'y cachent, ces créatures qui prétendent être humaines. Les Caïnites préservent les anciennes coutumes des vrais vampires, et entrent dans une nouvelle ère de ténèbres.

      Alors qu'un vampire de la Camarilla épargnera une victime par simple pitié, un Caïnite du Sabbat la tuera, buvant profondément puis la rejetant brutalement. Alors qu'un membre de la Famille se targue de maintenir une façade de comportement de gentleman, un Caïnite aspire à un chef-d'oeuvre de persécution, de mutilation ou de carnage sanglant. Les histoires d'horreur décrivent les vampires comme des meurtriers inhumains qui assouvissent leurs envies obscènes au coût de la vie humaine. Les Caïnites du Vieux Continent inspirent, égalent et surpassent ces faits.

      Les vampires du Sabbat du Nouveau Monde sont bien plus progressistes. Les Caïnites sont entrés en Amérique, au Canada et au Mexique comme la peste. Sans restriction, ils ont créé bien trop d'infants dans les grandes villes et sont désireux d'assaillir sans cesse les domaines de la Camarilla qu'ils rencontrent. Pourtant, même en Amérique, ils ont commencé à s'étendre sur les terres des "sauvages à la peau rouge", intégrant les rituels et mythes des natifs. De façon très victorienne, les vampires de la Camarilla estiment qu'il s'agit là de dégénérescence, de mauvais croise­ments entre races ou de folie.

      Le traité le plus important de l'histoire du Sabbat est le Pacte d'Achat de 1803, qui définit les allégeances de ses membres contre ceux qui s'opposent à eux. Le pacte interdit les guerres intestines et la secte s'est donc tournée contre les territoires de son plus grand ennemi. Ce faisant, ces vampires victoriens sont devenus les ennemis de la civilisation elle-même. Ils lancent des campagnes continuelles contre les terres civilisées, imposant leur volonté dans une violente ferveur. Les plus jeunes d'entre eux ne connaissent aucun autre moyen d'existence.

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