L’ ERE VICTORIENNE

Description de l'Ere Victorienne
selon le jeu de rôle

Description de l'Ere Victorienne historique.

Le règne de Victoria L'Angleterre du XIXe siècle, qui s'identifie au long règne de la reine Victoria (1837-1901), vit les plus belles heures de l'histoire nationale. Maîtresse des mers, propriétaire du plus vaste empire que le monde ait connu - le quart des terres émergées et de la population mondiale -, l'Angleterre exerce alors une influence de premier plan: la pax britannica s'impose au monde. Le faste du jubilé de la reine, en 1897, manifeste cette hégémonie.

L'«atelier du monde»
La puissance britannique, appuyée sur l'industrie, atteint son apogée en 1850-1870, avec l'essor du chemin de fer. C'est à Londres qu'a lieu en 1851 la première Exposition universelle.

Entre 1800 et 1870, la production de textile est multipliée par 14, celle de charbon par 10. Le Royaume-Uni est alors l'«atelier du monde», avec le tiers de la production manufacturière mondiale et la moitié de la production de charbon et de fonte. De 1831 à 1901, la population britannique passe de 16 à 37 millions. La doctrine du «laisser faire» et du libre-échange (avec les traités de 1846 et 1860) domine la politique économique de la période, qui constitue l'âge d'or de la bourgeoisie industrielle et commerçante.

Le prestige social de l'aristocratie reste entier, mais ce sont les valeurs bourgeoises qui donnent sa couleur à l'ère victorienne: morale de l'effort individuel et de la respectabilité, sens aigu du devoir et de la famille, sainte horreur de la sexualité. Le fort sentiment de loyalisme monarchique provient de ce que la vieille reine incarne au plus haut point ce modèle de vertu, dans une société aux codes moraux très stricts, imprégnée de religiosité.  

Les différences de classe, et la conscience de ces différences, sont très marquées: le prolétaire se reconnaît à sa casquette, et le bourgeois à son habit. Les villes industrielles sont le reflet de ces contrastes: ainsi Manchester, symbole des vertus de l'économie de marché et de la vitalité industrielle victorienne, est en même temps l'enfer des pauvres.  

Sur le plan politique, le régime connaît une lente démocratisation. Sous la pression, notamment, du mouvement chartiste des années 1838-1848, le système électoral devient moins inégalitaire et le droit de vote est étendu (réforme de Disraeli en 1867). Mais les femmes en sont toujours écartées, malgré les efforts des suffragettes. L'époque est marquée par l'organisation des deux grands partis, l'un libéral et l'autre conservateur, héritiers des whigs et des tories, et par des Premiers ministres d'envergure tels que Palmerston, Disraeli et Gladstone.  

Inquiétudes de fin de siècle

La fin du règne se révèle plus difficile. L'économie est durement frappée par la grande dépression de 1873-1895. Le chômage touche une industrie devenue «rentière», moins innovatrice, fragilisée par les choix financiers d'investissements à l'étranger. La concurrence européenne et américaine devient dangereuse. Avec le développement des idées socialistes (la Fabian Society) et la naissance du premier parti travailliste, le mouvement ouvrier se renforce, même si le syndicalisme, avec le Trade Union Congress (TUC, 1868), reste réformiste et modéré. Sur le plan international, la stratégie pacifique du «splendide isolement» atteint ses limites face aux ambitions d'une Allemagne de plus en plus puissante.

Tous ces motifs d'inquiétude, en particulier la concurrence économique étrangère, provoquent un surcroît d'intérêt pour les colonies. Australie, Indes, Malaisie, Canada, Antilles et possessions africaines doivent fournir des débouchés à l'industrie et les ressources nécessaires à une grande puissance.

Dès 1858, le choc de la mutinerie de l'Inde (révolte des cipayes) pousse à un contrôle accru du «joyau de la Couronne»: symboliquement, Victoria est nommée impératrice des Indes en 1876. L'Egypte (1882) et le Soudan (1898) sont occupés; l' Afrique du Sud est disputée aux Boers. Le colonialisme, exalté par Rudyard Kipling comme le nécessaire «fardeau de l'homme blanc», et le thème de la grandeur impériale font l'objet d'un quasi-consensus national.

La question irlandaise, enfin, continue de peser lourdement sur la politique britannique. Radicalisé par la grande famine des années 1840 et la misère, qui pousse à l'émigration, le mouvement nationaliste et catholique irlandais exige la Home Rule, l'autonomie. En réponse, les gouvernements manient alternativement la carotte et le bâton, hésitent. Le parti libéral se divise. Le heurt des nationalismes devient inexpiable.  

L’ère victorienne, depuis le couronnement de la reine Victoria en 1837 jusqu’à sa mort en 1901, est celle de la révolution industrielle, du puritanisme et des révoltes sociales. Tandis que le romantisme continue à dominer la littérature durant une bonne partie du siècle, nombre d’écrivains sont amenés à prendre position, souvent avec passion, sur les problèmes de leur société : les progrès de la démocratie et de l’instruction, l’évolution de l’entreprise industrielle et la détérioration des conditions de vie de ses travailleurs. Par ailleurs, l’émergence du matérialisme, la remise en question de la foi religieuse par les découvertes scientifiques, en particulier la théorie de l’évolution et l’étude historique de la Bible, incitent d’autres écrivains à une réflexion sur les problèmes de la foi et de la vérité.

La Littérature

La Poésie
Trois poètes sont impliqués dans les questions sociales. D’inspiration romantique à ses débuts, l’œuvre d’Alfred Tennyson se fait l’écho des inquiétudes, des problèmes et des aspirations de l’époque. Son style contraste quelque peu avec l’intellectualisme et la rudesse vivifiante de la poésie de Robert Browning. Matthew Arnold se distingue par sa pensée plus subtile et mesurée ; sa poésie traduit un pessimisme désabusé (la Plage de Douvres, 1867). Algernon Charles Swinburne fait montre d’un esthétisme rêveur et sensuel. Poète engagé, Dante Gabriel Rossetti, et William Morris, poète, artiste et réformateur socialiste, participent au mouvement des préraphaélites, qui tente d’appliquer à la poésie la réforme déjà introduite en peinture.

Le Roman
Le roman devient, sous l’ère victorienne, le genre dominant de la littérature, le romantisme cédant progressivement la place au réalisme, avec l’évolution des mœurs et des relations sociales. La peinture minutieuse du milieu puritain des romans de Jane Austen, au début du siècle, dans Orgueil et Préjugés (1813) et Emma (1816), annonce ce réalisme. Ce nouvel esprit s’impose avec Charles Dickens et William Makepeace Thackeray. Les romans de Dickens, qui peignent la société de son temps et en dénoncent la misère grandissante Oliver Twist, 1838 ; David Copperfield, 1849-1850 ; les Grandes Espérances, 1861 ; l’Ami commun, 1865), révèlent un étonnant talent pour créer des personnages complexes et vivants. Thackeray, de son côté, en chantre des classes moyennes et supérieures, montre une grande subtilité dans la description de ses personnages (la Foire aux vanités, 1848) qu’il portraitise dans le réalisme le plus brut.

Les Auteurs
Parmi les autres personnalités marquantes du roman victorien, Anthony Trollope a livré une étude ironique des cercles politiques et ecclésiastiques anglais dans Comment nous vivons (1875) notamment. George Eliot prône, elle, une morale de l’authenticité et une humanisation des relations malgré les effets destructeurs de la société (Middlemarch, 1871-1872), tandis que George Meredith offre une vision raffinée, détachée et ironique de la nature humaine (Sandra Belloni, 1864) et que Thomas Hardy s’applique à démontrer, avec un pessimisme croissant, l’impossible quête du bonheur dans un monde où Dieu est mort et où les traditions sont stériles (Jude l’Obscur, 1895). Les sœurs Brontë constituent un cas à part dans la littérature anglaise ; le roman unique d’Emily, les Hauts de Hurlevent (1847), révèle un caractère tourmenté et passionné plus proche du romantisme que de l’austérité victorienne ; quant aux romans de Charlotte, ils fusionnent romantisme et réalisme en créant une atmosphère sombre et terrifiante (Jane Eyre, 1847).

Une seconde génération de romanciers, dont beaucoup poursuivent une œuvre considérable durant le XXe siècle, voit apparaître deux nouvelles tendances. Robert Louis Stevenson, Rudyard Kipling et Joseph Conrad dissimulent, dans des œuvres riches en péripéties et se déroulant dans un cadre exotique, de profonds débats moraux et métaphysiques. Kipling doit surtout sa renommée à la magie de ses poèmes (les Sept Mers, 1896) et de ses nouvelles (Simples contes des collines, 1888). Une autre tendance réunit Arnold Bennett (Anna des cinq villes, 1902) et John Galsworthy (la Saga des Forsyte, 1922), qui s’efforcent de dépeindre la vie de leur époque avec une grande précision et un esprit critique parfois virulent. L’œuvre de H. G. Wells, qui s’inscrit à ses débuts dans la tradition romanesque classique héritée du XVIIIe siècle puis exploite la veine de la science-fiction politique, sociologique et philosophique, envisage avec lucidité et désespérance les maux de l’espèce humaine et l’aspect suicidaire des civilisations la Machine à explorer le temps, 1895 ; l’Homme invisible, 1897 ; la Guerre des mondes, 1898).

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